Voici un texte de John Clark qui peut apporter la démonstration d'une part, de l'importance fondamentale des principes de l'écologie sociale, de l'éco-philosophie et du communalisme dans un combat socialiste au point de l'évolution humaine où nous sommes situés et d'autre part, que ces principes ne sont pas légitimement appelés à être accolés aux préjugés et aux rhétoriques d'une gauche dite « radicale », mais plutôt en fait « sociétale », qui y voit une occasion par le biais d'un écologisme mal compris de renouveler son discours n'ayant eu de cesse d'accompagner le libéralisme dans sa destruction des communautés traditionnelles et locales : il y a là comme une sérieuse contradiction que ne saurait cacher plus longtemps une parodie de nostalgie déplacée envers une époque soixantehuitarde où ne devrait régner que l'absolutisme de l'individu et de ses droits. L'écologie sociale est l'aboutissement temporaire d'une pensée très ancienne qui a parcouru, entre autres, les consciences de Kropotkine, Élisée Reclus, Patrick Geddes, Lewis Mumford et Murray Bookchin. Ce dernier n'est donc pas l' « inventeur » de l'écologie sociale, mais d'une certaine vision de celui-ci, plus ancrée à gauche, plus matérialiste aussi, tout en n'échappant pas à certains travers « dogmatiques », tel que nous le rappelle Clark. La « pensée écologique communautaire » ne saurait par conséquent se laisser enfermer dans une idéologie clairement définie, tout en se donnant néanmoins la possibilité de faire ré-émerger à la conscience des hommes, au travers des principes comme ceux de l'écologie sociale, ce qui du plus profond d'eux-mêmes leur apporte les conditions ontologiques, philosophiques et politiques de leur propre affirmation et auto-réalisation. Nulle doute que Bookchin a marqué de son empreinte cette réaffirmation, ou, plus exactement, expression théorique et pratique d'une possibilité révolutionnaire d'affirmation, et ce malgré les concessions faite à son époque, mais il n'a pas été le seul sur cette voie, chose que lui-même ne démentirait pas d'ailleurs. La pensée holiste dialectique, au centre de l'écologie sociale, et même du socialisme organique ou communautaire, est en quelque sorte la pensée de l'homme réel, c'est-à-dire de l'homme en tant que nature prenant conscience d'elle-même. C'est une pensée que les hommes conscients de leur place en ce monde, dans le Cosmos, doivent continuer à enrichir afin de pouvoir, en notre époque d'incertitude et de déliquescence de nos valeurs communes, réorienter l'évolution humaine en nos communautés, notamment européennes, vers une plus grande conscience de la complexité et du caractère indépassable des interrelations qui nous constituent et nous élèvent.
Y.S.
Une écologie sociale
Par John Clark
Traduction d'Alain Thévenet,
revue par Ronald Creagh
L'humanité est la nature prenant conscience d'elle-même.
Elisée Reclus (1)
En son sens le plus profond et le plus authentique, l'écologie sociale est le réveil de la communauté terrestre, qui réfléchit sur elle-même, découvre son histoire, explore la situation difficile dans laquelle elle se trouve et envisage son futur(2). Un des aspects de ce réveil est le processus de réflexion philosophique. En tant qu'approche philosophique, une écologie sociale s'intéresse aux dimensions ontologique, épistémologique, éthique et politique des relations entre le social et l'écologique et recherche une sagesse pratique découlant de telles réflexions. Elle cherche à nous orienter, en tant qu'êtres concrètement inscrits dans une histoire humaine et naturelle, pour nous permettre de faire face aux défis et aux opportunités. Ce faisant, elle développe une analyse à la fois holistique et dialectique et une pratique sociale qu'on pourrait mieux décrire comme un éco-communitarisme.
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