L’enjeu de l’ « Intelligence Artificielle »
Par Yohann Sparfell
L’Intelligence Artificielle, que nous préférons appeler, pour notre part, « Système Cognitif Artificiel (SCA) » dans la mesure où nous situons l’intelligence à un niveau supérieur à l’activité cognitive (l’intelligence englobe l’activité cognitive, et non l’inverse), est une réalité émergente dont il faut bien sûr tenir compte et intégrer dans une vision plus harmonieuse et juste des relations entre les personnes, nations et civilisations que la réalité de celles qu’a finies par instaurer la brutalité du règne du capitalisme financier mondialisé. Toutes invention humaines s’étant concrétisées dans l’emploi de techniques plus ou moins évoluées ont fatalement perturbé, et par la suite transformé le rapport de l’homme aux choses, et de l’homme à l’homme. La 4ème révolution industrielle nous entraîne déjà vers un tel chambardement, et il serait illusoire de vouloir s’en « protéger » ou y échapper d’une quelconque façon. Nous n’avons d’autre choix que de nous donner les moyens de relever le défi au vue des enjeux commerciaux, sociaux, stratégiques, éthiques, etc. qui, aujourd’hui, se concentrent sur l’automatisation, la robotique et les SCA.
Les principaux enjeux tournent donc autour de nos capacités à pouvoir, mais surtout vouloir accompagner les personnes dans le cours de cette 4ème révolution industrielle et, nécessairement, sociale et métapolitique. Plutôt que de tendre, dans un effort aporétique, à refuser la création même par la capacité ingénieuse humaine de moyens techniques visant à mimer nos propres capacités, ils nous paraît aujourd’hui bien plus important d’adapter les enseignements à ces nouvelles donnes. Nous n’entendons surtout pas par là-même qu’il serait prioritaire d’imposer aux personnes une dynamique qui leur serait indépendante – la dynamique de la technologie – bouleversant leur vision du monde et leurs relations sociales, mais fort au contraire de leur apporter les outils indispensables à pouvoir maîtriser, si ce n’est la conception, du moins les emplois et les conditions des emplois de ces techniques hyper-avancées.
La robotique et les SCA peuvent, à condition d’en être conscient et de pouvoir en maîtriser les développements, accroître les possibilités de production localisées et au moins renationalisées. Ces techniques pourraient par conséquent redonner aux communautés territoriales de nouvelles possibilités d’accéder à leur autonomie (autonomie qui n’est pas l’autarcie, car autant cette dernière, dans l’idéal, tend à exclure toutes relations extérieures que la première se construit au travers de la maîtrise pleine et entière de ces relations). L’enjeu fondamental d’un assentiment quant à l’utilisation de ces techniques du futur repose en tout premier lieu sur une capacité décisionnelle que les hommes se devront absolument recouvrer au regard de ce qu’ils risqueraient d’encourir s’ils n’acquièrent pas la conscience de cet impératif social. D’où la chance ultime qui se fait jour actuellement de devoir redonner au politique une place centrale dans une vie sociale et communautaire redynamisée et centrée sur l’homme en tant que personne et citoyen. Cette redynamisation pourra d’ailleurs autant se développer au sein des structures de production (pouvant se déconcentrer de façon très importante du fait de l’utilisation des outils techniquement très avancé, tels que les imprimantes 3D et les machines-outils automatisées intégrant éventuellement de la SCA), que des communautés territoriales qui pourrons, même à petite échelle, s’équiper de ces unités nouvelles, à taille limitée et inter-connectées, en fonction de leurs besoins et de leurs spécificités productives. En ce sens, il est bien entendu que ces nouvelles techniques seront autant d’opportunités à revoir fondamentalement, et selon les principes décrits ci-dessus, la manière par laquelle s’effectuent et le sens par lequel se développent les relations internationales.
Les acteurs des guerres commerciales actuelles seraient à ce titre bien inspirés de prendre conscience que ce qu’ils promeuvent hâtivement et de façon bien irréfléchie (poussés par les impératifs financiers totalitaires) pourrait fort bien saper les bases a-sociales et anti-politiques d’un monde qu’ils tentent de faire durer coûte que coûte. À ce jeu de dupes, la Chine pourrait d’ailleurs tirer son épingle du jeu dans la mesure où ses propres projets ne restent pas les siens, mais bel et bien ceux de l’ensemble des nations et civilisations du Monde.
Pour finir, pour désirons ajouter qu’il ne faudrait pas oublier que la Modernité ne se définit pas par rapport au niveau de complexité des techniques utilisées à une époque donnée (en l’occurrence la nôtre), mais en regard d’un « Progrès » qui s’est imposé en tant qu’ordonnateur de la vie humaine.
L’IA peut contribuer à la conclusion d'un accord commercial entre la Chine et les États-Unis
Par Adam Garrie
Source : https://eurasiafuture.com/2019/05/10/ai-can-help-shape-china-us-trade-deal/
Les économies avancées du monde entier devront bientôt entamer des discussions sur la meilleure façon d’équilibrer un avenir dominé par l’intelligence artificielle (IA) et la prochaine génération d’automatisation industrielle d’un côté, ainsi que par une approche de la société centrée sur le citoyen de l'autre. L'intelligence artificielle et l'automatisation amélioreront la qualité de vie de millions de personnes en améliorant l'efficacité des affaires, du commerce, de l'éducation et du divertissement. Dans le même temps, la 4ème révolution industrielle, qui introduira des technologies de plus en plus sophistiquées, modifiera également de façon permanente les réalités de longue date concernant la nature même de la main-d'œuvre industrielle.
Tandis que l'IA et l'automatisation mettront des technologies très avancées et conviviales à la portée des gens ordinaires, nombre de ces mêmes personnes verront leur travail supplanté par des robots. Toute économie avancée doit donc se préparer à cette fatalité. Il est naïf et irréaliste de prétendre que les emplois dans la production, les services et la vente au détail ne seront pas menacés par la montée de l'IA. Par conséquent, des concepts tels que le revenu de base universel financé par les bénéfices générés par l'IA et l'automatisation de la prochaine génération devraient nécessiter un examen sérieux. Dans le même temps, un investissement important dans de nouvelles formes d’éducation afin que les personnes de tous âges puissent acquérir les compétences modernes sera également une nécessité.
Mais si ces questions seront examinées au sein de chaque pays, elles auront également un impact considérable sur le commerce. L'un des arguments avancés par les protectionnistes et les nationalistes de l'économie est que les tarifs protègent les emplois nationaux. L'histoire montre que ce n'est généralement pas le cas, mais la simplicité de tels arguments est attrayante pour certaines personnes. Mais lorsque les emplois que les tarifs sont censés protéger ne sont pas supprimés par des emplois dans des usines étrangères, mais par des robots dans des usines nationales, le rapport tarif / emploi dans son ensemble deviendra un concept obsolète, en théorie comme en pratique.
En tant que tel, la 4ème révolution industrielle verra en réalité une augmentation de la production nationale dans la plupart des pays développés pour la simple raison qu'un robot produisant des produits à proximité ne nécessite pas d'importer des produits fabriqués par le même type de robot dans un pays étranger. Cela va donc changer la nature du commerce mondial. Le moyen idéal de s'y préparer est de reconnaître que, dans une nouvelle ère, chaque pays excellera dans différents domaines de la production automatisée.
Pour cette raison, les futurs accords commerciaux conclus sur une base gagnant-gagnant seront différents de ceux du passé. Les futurs accords commerciaux devront comprendre que si un pays pourrait exceller dans la conception et la fabrication de véhicules automobiles de haute qualité, un autre pourrait exceller dans la conception et la fabrication de technologies informatiques, de téléphones intelligents ou de serveurs de haute qualité. Un autre pays pourrait encore exceller dans la recherche et le développement pharmaceutiques dirigés par l'IA.
Même si de telles affirmations ont peut-être semblé être de la science-fiction il y a vingt ans à peine, il faut aujourd'hui se préparer au « quand » plutôt qu'au « si » de tels changements se produiront. Il serait donc extrêmement bénéfique pour la Chine et les États-Unis de discuter de ces tendances dans le contexte des négociations commerciales en cours, car même si un accord commercial définitif entre la Chine et les États-Unis est bon, tous les accords commerciaux devront bientôt tenir compte du fait que les liens entre le commerce et les emplois seront finalement largement brisés par la révolution de l’intelligence artificielle et de l’automatisation.
Ceux qui se préparent au plus tôt à des changements d'une telle ampleur seront les mieux placés pour parvenir à un équilibre gagnant-gagnant entre le leadership en matière d'intelligence artificielle et l'automatisation, d'une part, et les approches sociales positives, centrées sur l'individu, de l'autre.